De par son ambition, la réglementation environnementale RE 2020 est une belle avancée en ce qu’elle permettra de ralentir encore plus l’impact des constructions sur le changement climatique. Elle nous semble toutefois hasardeuse et fortement critiquable en certains points. Florilèges…

Des usages réellement pris en compte ?

La RE2020 ambitionne de prendre en compte les usages domestiques dans l’attribution du label BEPOS ( bâtiment produisant plus qu’il n’en consomme). C’est bien beau mais quid de la réalité de terrain ? Les usages dépendent fortement des modes de vie, des compositions du foyer,… Un exemple? Les usages de la RE2020 ne prévoient rien concernant le télétravail ou la recharge de véhicules électriques, deux sujets pourtant d’actualité. Pire, cette RE2020 se base sur des moyennes, occultant le coût réel des systèmes dans des situations dégradées (essayez de faire fonctionner une pompe à chaleur air/eau et voyez sa consommation quand il fait -20°C). Et dans ces moyennes figure une température intérieure recommandée de 19°C. Si vous parvenez à garder votre femme alors que votre maison est à 19°C, prévenez nous…

Informer clairement les occupants sur le coût de chaque appareil et usage tout en renforçant l’isolation aurait déjà été un bon préalable. Saviez vous ainsi qu’une box TV vous coûte presque autant qu’un frigidaire à l’année ?

Le bois favorisé (imposé?) au détriment de la réalité du terrain

La prise en compte des émissions carbones, qui est une très bonne chose en soi, entraîne pourtant des aberrations en raison du moteur de calcul utilisé. On va ainsi favoriser des constructions en bois, moins durables et pourtant plus coûteuses que les constructions traditionnelles en Brique ou Parpaing. Pire, cela se fera en majorité avec du bois importé, faussant totalement l’impact écologique réel (exactement comme pour une voiture électrique dont les batteries viennent de Chine).

Si on trouve de nombreuses maisons bois au Canada ou en Amérique du Nord, ce n’est nullement pour des raisons de réglementation thermique mais bien parce que l’industrie forestière y est très développée. La France est réputée pour sa parfait maîtrise des bétons, ciments (tous créés par des ingénieurs français…. au passage) permettant des constructions dont la durabilité nous est enviée partout dans le monde.

De surcroit, cela mettra au chômage de nombreux corps de métiers (maçons,…) dont la reconversion, si elle est possible, prendra des années. Les constructeurs devront par ailleurs investir dans des usines très coûteuses d’usinage de panneaux bois, dont la compatibilité avec l’habitat individuel n’a jamais été démontré (tous les acteurs s’étant lancés ont perdu beaucoup d’argent,….)

Adieu le gaz

Cette RE2020 signe la fin du méchant gaz de ville au profit du tout électrique. Tous les investissements réalisés dans le réseau seront donc inutiles. Les qualités du gaz sont également mises à la trappe…au profit du nucléaire. Totalement aberrant selon nous puisque le gaz a su évoluer et n’est plus le gaz naturel fossile que l’on connaissait grâce à des avancées comme le Biométhane, alternative renouvelable au gaz fossile.

Pourtant, un complément aux énergies renouvelables faisant fonctionner la maison est essentiel, en raison de leur intermittence et de l’absence de solution de stockage pertinente. Dés lors, on peut se reposer sur le gaz ou l’électricité…en sachant que le réseau électrique, déjà fréquemment au bord de la rupture lors des pics de froid, est promis à de fortes tensions avec l’essor des voitures électriques et la fermeture de centrales nucléaires. Dés lors, cet enterrement du gaz nous semble totalement dogmatique, incompatible avec une vision à long terme et pertinente des ressources énergétiques. De là à parier que dans 5 ans on reviendra en arrière pour promouvoir le gaz, il n’y a qu’un pas….N’imaginons même pas la survenue d’un incident nucléaire en Europe…

Des prix du neufs qui vont s’envoler

Cette RE2020 aura pour conséquence directe d’augmenter les coûts de construction de 15 à 20% dans un contexte économique difficile dans lequel les primo accédants ne peuvent accéder à la propriété que grâce au PTZ et aux emprunts de durées supérieurs à 25 ans. La solution sera donc, pour ces deniers, de baisser la surface de leur maison ou de rogner sur la qualité et les équipements ( PVC vs Aluminium,..) rendant de fait leur logement plus rapidement obsolète.

Neuf VS Rénovation, le grand écart

Les logements anciens eux, ne pourront jamais atteindre l’efficacité de la RT 2012 ( et ils n’y seront pas obligés) faute d’artisans qualifiés et de méthode de rénovation globale efficiente, sauf à dépenser bien plus que pour une construction…

Ces mêmes logements anciens se contenteront donc d’afficher un DPE totalement fantaisiste (estimation au doigt mouillé de la consommation réelle de la maison par des « professionnels » formés en quelques heures) alors que les logements neufs devront mettre en avant test d’étanchéité certificat bio-climatique, agrément de bureaux d’études thermiques et matériaux et équipements certifiés….

Le parc immobilier sera donc composé d’une part (infime) de logements ultra performants et coûteux, réservés aux riches…et d’autre part (la très grande majorité) de logements anciens dont la rénovation si elle a été effectuée n’aura aucune garantie de performance ou d’efficacité. Et le gouvernement mettre en place des aides massives à la rénovation, qui ont été prouvée comme étant inutiles.

L’urgence en matière de bâtiment et d’empreinte environnementale est de favoriser une rénovation efficace et pérenne des bâtiments anciens, voire une démolition/reconstruction. Pas de proposer des isolations à 1 euros faites par des charlatans au détriment de tout bon sens économique et écologique…

La construction, bouc émissaire

Au final, les français souhaitant faire construire paieront plus en raison de dogme environnementaux décidés par le gouvernement et son monarque parisien au mépris total de la réalité du terrain. Après avoir poussé des voitures hybrides rechargeables dont l’impact environnemental est catastrophique en raison des conditions réelles d’usage ce ces voitures (et oui, les batteries ne sont jamais rechargées car il s’agit souvent de flottes d’entreprise sans solution de charge au bureau ou parce que les usagers ne souhaitent pas payer leur recharge alors qu’ils bénéficient d’un carte essence…), le gouvernement s’attaque désormais à la maison individuelle.

La RE 2020 s’engage en effet dans cette même voie autodestructrice avec des maisons qui connaitront le même surcoût que connaissent aujourd’hui les véhicules hybrides rechargeables par rapport aux véhicules traditionnels.

Pourquoi ? Sans doute pour donner le coût de grâce à l’habitat individuel, le gouvernement de Mr Macron, conseillé par le dangereuse association TERRANOVA, fondée en  2008 par Olivier Ferrand et ayant exprimé à maintes reprises son mépris pour la maison individuelle et la propriété…

Sauf que Mr Macron, les français n’ont jamais autant rêvé de maisons individuelles et d’espaces verts. Un mépris des réalités et des aspirations des français comme on vous le disait….

4 réactions sur “RE 2020, une réglementation thermique catastrophique

  1. HIPPODAMOS dit :

    EXCELLENT ARTICLE TRES REALISTE ,LOIN DES VATICINATIONS ECOLOGISTES QUI SEMBLENT AVOIR CONQUIS LES CERVEAUX DE NOS DECIDEURS

  2. Chapi dit :

    Vous dites que passer au bois est une betise car le ciment est fait pas des ingénieurs français.
    1 – Combient de cimenteries sont encore en France ? Le ciment n’est il pas importé ?

    Vous dites « Sauf que Mr Macron, les français n’ont jamais autant rêvé de maisons individuelles et d’espaces verts. Un mépris des réalités et des aspirations des français comme on vous le disait…. »
    2 – Mais sur quel argument pouvez vous nier le fait que la maison individuelle ait un cout écologique bien supérieur ?
    3 – Si les francais aiment la verdure comme vous dites, dans ce cas il n’aiment pas la maison individuelle, qui augmente la surface artificialisée et bétonnée.

    1. Plans.fr dit :

      Les parpaings ou briques sont bien fabriquées en France
      Surtout, la densification urbaine a des conséquences bien plus néfastes que l’artificialisation des sols sur le bien être et la santé des gens et les enjeux de la migration urbaine dans le monde sont colossaux.
      La véritable problématique française est la congestion urbaine et l’étalement autour de quelques métropoles (Paris, Marseille, Lyon,…). Le fait que les gens vivent en maison ou en appartement ne change rien à cela. Vous avez tous les jours des millions de personnes traversant tout Paris d’Est en Ouest en raison d’une faible mobilité des salariés dans leur parcours professionnel ( les gens préferent rester dans leur entreprise et faire de longues distance qu prendre le risque de trouver un nouveau travail).
      Concernant cette dite artificialisation des sols, qui est une aberration bobo-écolo, avec une allée drainante et un jardin la maison ne consomme que peu d’espace au sol dit imperméabilisé.
      Enfin, tous les modèles de developpement passés, il est clair que le modèle le plus viable et plaisant est la ville qualitative avec une population allant de 1500 à 10 000 habitants, semi-urbaine. En associant cela à une bonne isolation des maisons, vous avez un modèle de developpement vertueux et respectueux de l’environnement et épanouissant pour les gens.
      Dire le contraire et vouloir entasser les gens dans des immeubles de centre ville comme on l’a fait avec les HLM des années 70 est une aberration bobo-écolo. ET éloigner les gens de la nature est le meilleur moyen de ne pas les faire respecter cette dernière…

  3. Vaille-Brunet dit :

    Merci pour cet article qui touche à beaucoup de sujets dont je ne sais pas la véracité. Bilan carbone etc… lié aux processus de fabrication. J’apporterai donc ce qui suit.
    Le document de l’Ademe sur l’application aux maisons individuels est trop complet au point de devenir incompréhensible pour les acquéreurs. La mise en application devient l’affaire de théoriciens et ne me semble pas adapté aux praticiens. cf les premières pages du document.
    Seuls les descriptifs des maisons 80m2 et 100m2 sont abordables mais il y a des indications qui sont trop directives quand au choix des moyens indiqués. Les moyens devraient être formulés en objectif à satisfaire et non pas en matériels à mettre en place.
    Exemple: imposer le chauffe-eau thermodynamique en occultant complétement le chauffe-eau solaire ou le photovoltaïque pour chauffer l’eau de jour et non de nuit et dans un devenir proche l’utilisation du moteur sterling.
    Que fait-on pour les maisons qui font 160m2 ou plus au sol? Comment extrapoler les recommandations des schémas?
    Imposer la PAC pour se chauffer n’est pas adaptée aux régions froides puisque la pac va utiliser de l’électricité pour fondre le givre sur l’échangeur extérieur. Recommander le chauffage au bois ou tout autre alternative ou des solutions mixtes semblent plus opportun. Les ressources locales mériteraient d’être citées, utilisées en priorité.
    Faire une étude approfondie sur la réelle performance des convecteurs, radiateurs électriques permettraient d’interdire certaines versions ou mieux de recommander un ou des types de matériels avec un niveau de performance normalisé.
    Le test d’étanchéité à la pénétration de l’air est en complète contradiction avec les aérateurs des huisseries imposés par la réglementation ( vécue en 2021-2022), ce qui signifie qu’il ne sera jamais satisfaisant.
    Le document de l’Ademe fait référence à des zones climatiques qui ne sont pas explicitées.
    Préciser la résistance thermique par zone est une bonne chose : murs verticaux, combles, isolations des pans inclinés, sols. Tels sont les objectifs à satisfaire par un ensemble de possibilités «à indiquer». Parler d’un R global sans les détails par zone est nécessaire.
    Formaliser plus clairement la résistance thermique des vitrages car il apparaît des insuffisances des caractéristiques sur les modèles précédents, actuels et nouveaux. Faire un bilan de l’état de l’art s’impose : revêtements métallisés, feuilles plastiques, face de pose de ces revêtements, qualité des verres ou aptitude à la transmission de l’énergie.
    Imposer une proportion de surface vitrée me semble en complète contradiction avec les situations géographiques, urbaines et modes de vie. Utiliser de l’éclairage en plein jour est très illogique.
    Autrement dit le document de l’Ademe devrait proposer des solutions selon les zones géographiques en termes d’objectifs à atteindre et lister les divers moyens correspondant à utiliser.

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