2017 a été une année record tant pour la construction que la vente de maisons individuelles. Le nombre de chantiers a ainsi augmenté très fortement  en 2016 et 2017 avec près de 133 000 mises en chantier de maisons en 2016 et pus de 140 000 en 2017. Si l’on peut se réjouir de cette hausse qui créé de l’activité et de l’emploi, quelles sont les conséquences pour les clients d une si forte hausse?

Des délais de construction qui s’allongent

Le nombre de dossiers et de chantiers de maisons qui augmentent se traduit par divers délais :

  • Un engorgement des services d’urbanisme des mairies qui répondent désormais rarement avant la fin du délai  de réponse pour les dépôts de Permis de Construire
  • Un taux d’occupation maximal des services administratifs et des bureaux d’études des constructeurs de maisons qui gèrent difficilement l’afflux de dossiers. Le constructeur Batilor, situé en France Comté nous indiquait ainsi que leur service administratif devait gérer 40% de dossiers en plus par rapport à 2016 et que les recrutements de personnel formé était problématique.
  • Des artisans débordés qui n’osent pas refuser des chantiers et qui en lancent plusieurs en même temps afin de ne pas perdre de contrat…mais qui ont du mal à gérer les délais habituels.

On constate donc un réel allongement des durées de construction, si bien que beaucoup de constructions sont désormais livrées peu de temps avant la date contractuelle alors que dans des années calmes, il n’est pas rare de voir des maisons livrées plusieurs mois avant cette date butoir. Cela créé bien évidemment de l’insatisfaction, les clients ne sachant pas quand ils seront livrés et ne pouvant ainsi prévoir leur déménagement et l’envoi de leur préavis s’ils sont locataires. Pire, les clients sont souvent très déçus car la date de livraison est souvent supérieure à ce que le commercial pouvait annoncer lors de la signature du contrat ( et ce de bonne foi).

Le site Le Moniteur indique que près de 22% des constructions/ rénovation ont connu des retards en 2017 en France !!! Un chiffre absolument énorme.

Des prix qui augmentent

L’autre conséquence de cette hausse d’activité est l’augmentation des prix. Forts d’un volume d’activité conséquent les sous traitants n’hésitent plus à fortement augmenter leur tarif. Un constructeur de Maine et Loire, Maisons Concept, nous racontait d’ailleurs qu’und e leur sous traitant qui avait accepté un marché avait refusé d’ouvrir un chantier si le marché n’était pas revu à la hausse.

Les fournisseurs de matériaux, après des années difficiles, n’hésitent pas non plus à faire passer de fortes hausses de prix sur leurs produits. Les menuiseries, isolants,…, et autres ont ainsi augmenté de plus de 10% en 2017, ce qui se répercute forcément sur le prix final de la maison.

Des difficultés à recruter

Le dernier problème de cette forte hausse est que dans un secteur dans lequel la pénurie de main d’oeuvre est réel, le moindre surcroit d’activité rend le marché de l’emploi très tendu avec des tensions sur les salaires et des turn-over qui déstabilisent les services. Sans être dans les mêmes excès, cela ressemble beaucoup aux mercatos de football. Le vrai problème est peu de jeunes s’orientent vers la construction. De nombreux CFA ferment dans ce secteur …faute de candidat… alors que l’emploi est assuré. Idem pour les conducteurs de travaux. Les rares licences formant des conducteurs sont insuffisantes pour alimenter le marché. A ce titre, nous ne pouvons que saluer l’initiative de Babeau Seguin de lancer une campagne de formation/recrutement visant à former et offrir un emploi aux jeunes sans qualification.

Des clients insatisfaits

La principale conséquence de ces tensions sur les prix et les délais est la hausse de l’insatisfaction client constaté par la majorité des constructeurs. Soucieux de leur projet de construction et angoissés par l’allongement des délais, les clients expriment leur mécontentement par des courriers ou messages sur les réseaux sociaux et forums (forum construire,…).

Des solutions pour mieux construire ?

La seule solution pour remédier à ces tensions est d’avoir une politique du logement pérenne et pensée sur le long terme. La suppression des APL accession ou des zones Pinel en 2018 aura ainsi pour effet de fortement ralentir le marché de la construction…avant qu’il ne réaccélère suite à la mise en place de nouvelles mesures. L’autre point le plus important est d’avoir une politique de formation nationale importante. Travailler dans le bâtiment c’est l’assurance d’un emploi et d’une bonne rémunération ainsi que de conditions de travail beaucoup moins pénibles qu’elles ne l’étaient autrefois.

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